Groupe de Travail "Epargne Salariale Durable"

Ce groupe de travail réunit à la fois des entreprises, des sociétés de gestion, des représentants des pouvoirs publics et des experts. Il est présidé par Danielle Deruy.

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S’appuyant sur les travaux d’un groupe composé de personnalités venant d’horizons différents, FONDACT avance aujourd’hui 5 propositions concrètes pour une épargne salariale durable.

Le Groupe de Travail "Epargne Salariale Durable"

  • Adapter la formule de la Réserve Spéciale de Participation.
  • Élargir le bénéfice de l’épargne salariale aux PME.
  • Renforcer l’épargne salariale sur le long terme.
  • Favoriser le financement des PME.
  • Donner plus de visibilité aux sommes distribuées.

Consulter le rapport du groupe de travail, et sa synthèse.

Présentation du groupe de travail par Danielle Deruy :

Proposition 1 par Gérard KESZTENBAUM :

Proposition 2 par Jérôme DEDEYAN :

Proposition 3 par Brigitte DUBREUCQ :

Proposition 4 par Gilbert GRALL :

Proposition 5 par Brigitte DUBREUCQ :

Conclusion par Michel BON :

L’Epargne Salariale Durable: un enjeu stratégique.

Intervention de Michel Bon, président de Fondact, à la présentation des travaux du groupe de travail sur l’épargne salariale durable le 14 décembre 2011.

En complément à la présentation de ces idées novatrices qui pourraient vraiment stimuler l’épargne salariale, je voudrais simplement inscrire l’action et les idées de ce groupe de travail dans celles de Fondact.

Pourquoi Fondact a-t-elle voulu réunir un groupe de travail sur l’épargne salariale ? Tout simplement parce que, même si cette vérité ne nous est pas agréable, il faut bien reconnaître que l’épargne salariale est aujourd’hui la vertu qui est le plus souvent attribuée à l’association des salariés aux résultats de leur travail, qu’il s’agisse d’intéressement, de participation, d’actionnariat salarial, ou plus généralement de gestion participative. Pour la plupart d’entre nous, militants de Fondact, les racines de notre adhésion à ces idées sont beaucoup moins prosaïques. Elles sont nourries par une pensée morale ou politique, ou par une ambition managériale, et souvent par les deux à la fois.

Force est pourtant de constater qu’en cette fin de 2011 la vision du Général de Gaulle est bien lointaine, et que ceux qui s’intéressent au management semblent un peu dépassés par la financiarisation de l’économie. En ces temps où la création de valeur semble supplanter l’épanouissement des valeurs, nous nous sommes donc dit que nous aurions peut-être plus de chances d’intéresser le monde politique ou économique en parlant de l’épargne salariale, dont la source majeure est la gestion participative. Difficile en effet de s’intéresser à la destination d’un flux sans se poser des questions sur sa source.

Ce n’est pas, en effet, diminuer le mérite de ce groupe de travail que dire que ses propositions s’inscrivent à l’extrême aval des préoccupations de Fondact. Ils vous ont parlé de l’estuaire, je voudrais maintenant vous parler du fleuve.

Je ne vais pas m’étendre sur les solides raisons qui conduisent à privilégier la gestion participative : vous êtes des adhérents de Fondact, elles vous ont convaincus. Il n’est pourtant jamais inutile de rappeler pourquoi la question du partage des richesses est, et demeure, au cœur de la dynamique de toute entreprise.

Il ne peut y avoir d’entreprise sans la présence de trois intervenants, que l’on appelle aujourd’hui, à la mode anglo-saxonne, les parties prenantes (« stakeholders »). Les clients, les apporteurs de capitaux et les salariés. Chacun des trois est indispensable, et naturellement chacun des trois entend bien s’approprier le plus gros des richesses créées. Dans cette lutte, le client n’a pas trop de mal à se faire entendre, puisqu’il peut toujours aller voir ailleurs et que son départ signe la fin de l’entreprise. Pour les deux autres, c’est plus dur : perdre son travail ou son argent est plus grave que changer de fournisseur. C’est pourquoi l’antagonisme pour l’appropriation des richesses se résume souvent dans les discours et la pensée économique à l’opposition capital travail. Cette lutte a longtemps nourri la pensée politique, singulièrement quand le communisme proposait une façon radicalement neuve de la surmonter. Cette utopie disparue, la pensée politique s’est détournée du sujet. Celui-ci demeure pourtant, et demeurera aussi longtemps que nous aurons des entreprises puisqu’il est au cœur de celles-ci.

Sans doute les manifestations de ce conflit se modifient au fil du temps, tout comme changent aussi avec le temps les moyens de le rendre dynamique et non destructeur. C’est pourquoi je voudrais vous présenter maintenant des raisons actuelles de construire autrement le partage des richesses, aujourd’hui, en pleine crise économique. En s’intéressant à trois aspects de cette crise et en voyant comment la gestion participative peuvent en changer la nature.

La mondialisation d’abord. Beaucoup d’analyses présentent cette crise comme une adaptation au nouveau paysage économique que dessine la mondialisation. Un peu comme les secousses qui résultent d’un glissement tectonique. Il est en effet probable que le vaste mouvement de spécialisation géographique actuellement à l’œuvre secoue toutes nos économies. Pour la France et l’Europe, il s’accompagne d’une migration massive de l’industrie vers les services.

Si l’on peut imaginer, dans l’industrie, des règles qui garantissent la qualité quelle que soit l’attitude des salariés, rien de tel dans les services où, en général, la qualité se fabrique dans le face à face entre le client et le salarié, et où le degré d’implication de celui-ci joue un rôle clé dans la qualité du service fourni et donc dans le succès de l’entreprise. On ne saurait mieux justifier la gestion participative : puisque c’est l’action individuelle du salarié, au moment précis de l’acte d’échange, qui va déterminer le succès, n’est-il pas raisonnable de partager avec lui ce succès ?

Cette mondialisation a d’autres effets, en particulier celui de porter les plus grandes entreprises à une taille et à une emprise géographique jamais vues. Ceci les oblige à des modes d’organisation très complexes, qui les éloignent de leurs salariés et donc devraient les inciter à rendre plus tangibles le rôle et la place de chacun. Comment montrer à chacun qu’il est personnellement responsable du succès plus simplement qu’en lui attribuant une part de profit ?

La réactivité face à la crise ensuite. Je ne sais si cette crise va reprendre de plus belle, voire s’éterniser comme le suggère la pensée à la mode de cette fin 2011. Imaginons simplement qu’il y ait des hauts et des bas, comme ce que nous voyons depuis trois ans. Et souvenons-nous de ce qui s’est passé lors de la modeste embellie de 2010. D’un côté, les dividendes remontaient, certes après avoir beaucoup baissé, mais leur hausse n’en était que plus spectaculaire. De l’autre, la concurrence internationale obligeait à des politiques salariales prudentes. Cette apparente différence de traitement a suffi pour que l’opinion publique se lance dans une de ces querelles qu’elle affectionne, et ce d’autant plus volontiers qu’elle se nourrit dans le terreau de l’égalité, toujours très fertile dans notre pays. Si la participation était efficace et vivante, ce débat ne serait même pas né, chacun pouvant constater qu’il profitait, lui aussi, du retour des profits. Tout comme il aurait pu mesurer auparavant que dans la crise, il avait pâti de la baisse des profits.

Si la crise perdure, le sujet ne change pas de nature, au contraire. La rigueur salariale n’en sera que plus forte, et seuls des mécanismes associant l’amélioration du sort des salariés à celle du sort de l’entreprise pourront être envisagés. Que l’on sorte de la crise, ou que l’on s’y enfonce, la gestion participative est l’une des rares options disponibles, sans doute même la plus praticable.

La dette enfin. Ces derniers mois ont mis en évidence qu’il ne suffisait pas de mesurer la dette, mais encore d’en connaître les porteurs. Si l’Italie peut vivre depuis longtemps avec une dette supérieure à son PIB, c’est parce que ce sont les Italiens qui la financent. Un pays fera d’autant mieux face à la crise financière qu’il aura une épargne des ménages puissante et investie dans la durée. C’est le cas de l’épargne salariale, qui est en effet, nous venons de le voir, durable (plus de six ans en moyenne) et qu’il est possible de développer, comme le montrent les propositions présentées par le groupe de travail. Mais il s’agit en vérité de bien plus que financer la dette publique.

Avec une crise qui s’installe s’établit un sentiment d’inquiétude, qui se propage facilement chez ce peuple méfiant que sont les Français. Si l’on ne peut même plus croire que la protection sociale vous protégera à cause de cette faillite rampante de l’Etat, à quoi donc s’accrocher ? A l’épargne bien sûr ! Intéressement et participation la nourrissent, et constituent pour les salariés les plus démunis la principale épargne dont ils disposent, et bien souvent d’ailleurs, la seule. Celle qui demain leur permettra peut-être de se lancer dans l’achat d’un logement, ou d’arrondir une retraite un peu courte. On le voit, la crise rend particulièrement utile le renforcement de la gestion participative et de l’épargne salariale.

Tous ces sujets sont actuels. Tous seraient mieux traités si la gestion participative elle-même se portait mieux. Et ce ne serait pas bien difficile. En effet, sur tous ces sujets, Fondact a des propositions à faire, pour rendre la gestion participative plus efficace. Nous avons été heureux de vous en présenter quelques-unes aujourd’hui.